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« 3 étapes pour apaiser les conflits de séparation – divorce »
J’ai rencontré en entrevue Anne, une éducatrice de la petite enfance, de 30 ans d’expérience.
Elle nous dit sa façon de voir les choses sur la séparation des parents et les réactions des enfants.
Une rencontre très riche, que je vais vous retranscrire ici même.
Anne : « La plupart du temps, au premier enfant, tout va bien, car la situation se gère bien. Quand il y a un deuxième enfant, c’est là qu’il commence à y avoir un problème d’organisation et surtout un problème d’entente sur l’éducation.
En tant qu’éducatrice, je vois les familles et je vois leur évolution.
Je garde d’abord le 1er enfant, et ensuite quand vient le 2e, le 1er est déjà rendu à l’école maternelle, la plupart du temps.
Si le 2e est plus agressif, ou bien que son sommeil change, ou encore lorsque des troubles alimentaires surviennent, je sais qu’il se passe quelque chose à la maison.
Alors je questionne les parents. Est-ce qu’il y a eu un décès de quelqu’un dans la famille ou d’un animal domestique ? Un déménagement ?
Mais la réponse est délicate, car les parents ne me diront pas qu’ils ont un problème dans leur couple, qu’ils se disputent souvent. Ça, ils ne me le diront pas. »
Sophie : « Donc toi comme éducatrice, comme personne externe, tu vois le comportement de l’enfant, comment il témoigne son angoisse, son mal-être, en fait. Tu sais qu’il se passe quelque chose dans la famille.
Anne : « Je vois des signes de comportement de l’enfant, sans connaitre la cause, je l’apprends plus tard !
L’enfant extraverti peut devenir introverti, car il a de la difficulté à gérer ses émotions. Il entend des choses, il voit ses parents qui ne s’entendent plus mais il n’arrive pas à mettre des mots dessus. Il exprime donc à sa manière, en changeant son comportement.
Je garde les enfants jusqu’à 3 ans, ils sont donc très jeunes. Ils ont de la difficulté à exprimer leurs émotions. Ce n’est pas volontaire, mais chaque enfant va l’exprimer différemment :
Certains, dans la relation avec la nourriture, d’autres plus agressifs avec les amis, ou encore qui vont avoir des troubles du sommeil.
Anne : « Quand les couples ne vont pas bien déjà au premier enfant, certains vont quand même en faire un deuxième pour se « rattraper », pour recoller un peu les morceaux, pour voir si ça va mieux aller.
C’est le deuxième qui va complètement renverser la vapeur, au lieu que le couple se recolle, il va se séparer encore plus.
Même très très jeune, l’enfant ressent malgré lui les difficultés déjà existantes dans le couple. Sa présence va les amplifier.
Sophie : « C’est la charge de travail qui augmente, la gestion familiale qui se complexifie, donc si les parents ne s’entendent pas sur certains points, cela va accentuer leurs mésententes. »
Anne : « Effectivement, en plus, avec le premier enfant qui rentre en phase d’opposition vers 2 ans, il faut gérer cette étape.
C’est l’éducation normale, mais si le couple n’a pas de cohésion, eh bien tout se complique.
L’enfant chez la « Nounou » va se défouler avec des comportements inhabituels.
Sophie : « Quel est le rôle de l’éducatrice quand l’enfant vie des étapes difficiles ?
Anne : « Il faudrait que les parents soient sincères avec les éducatrices, car nous avons l’enfant toute la journée. Comme personne externe à la vie familiale, nous pouvons prendre le temps de parler à l’enfant sur ce qu’il ressent, sur ses peurs, ses angoisses.
Nous pouvons l’aider à relativiser ce qu’il voit ou entend à la maison.
Si les parents se séparent, l’éducatrice peut rassurer l’enfant en lui disant qu’il ira dans la maison de Papa et dans la maison de Maman et que ses parents l’aimeront encore même si Papa et Maman ne s’aiment plus.
Bref, l’éducatrice peut trouver le bons mots pour que l’enfant puisse se retrouver dans ses peurs.
Quand on met des mots sur ses émotions, ça calme l’enfant. »
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Sophie : « Donc ce que tu es en train de dire Anne, c’est le « non-dit » fait plus de mal que la vérité ? »
Anne : « Exactement ! Surtout envers les jeunes enfants.
Les parents ne sont pas obligés de dire toute la vérité, dans les détails, mais il faut dire une vérité, quel est le mal-être familial ? Pourquoi les parents se disputent ?
Quand les parents se disputent sur l’organisation ou l’éducation, l’enfant comprend que c’est à cause de lui. Il se sent coupable de leurs disputes.
Alors que le problème n’est pas l’enfant mais un problème de communication ou d’entente entre les parents.
L’enfant doit comprendre que ce n’est pas sa faute.
Attention, il ne faut pas dire toute la vérité, ce n’est pas bon non plus pour l’enfant de connaitre tous les détails, il n’a pas besoin de tout savoir. »
Sophie : « Quand le parent est pris dans la dispute, dans un stress de gestion de la famille, dans une séparation, c’est tellement difficile de parler avec l’enfant sur les causes véritables des disputes. »
Anne : « Oui, et c’est pour ça que je dis que le parent doit se confier à l’éducatrice, car nous avons un recul sur ce qu’il se passe et pouvons recadrer les choses avec l’enfant.
Juste en parler, sans jugement, l’enfant voit qu’il est compris, que la communication passe bien aussi avec ses parents.
Il a le droit de se sentir mal, de souffrir. Il faut l’autoriser à exprimer ses émotions.
Ainsi, lorsque nous, adulte, pouvons mettre des mots sur son mal-être, l’enfant se sent rassuré. »
Sophie : « l’enfant comprend que la dispute ne le concerne pas »
Anne : « Effectivement, il réalise que ça ne le concerne pas directement, que ce n’est pas lui le problème.
C’est très important qu’il ne se sente pas responsable. »
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Anne : « Quand le parent est seul, l’enfant ne doit pas prendre la place du conjoint.
Par exemple quand l’enfant dort avec le parent, inconsciemment il prend la place du conjoint.
Le parent seul ne doit pas reporter sur l’enfant la tristesse d’être seul ou le manque de l’autre parent.
L’enfant ne doit pas colmater le manque affectif du parent seul. Ce n’est pas son rôle.
Pris dans la tristesse, la séparation, le parent gère maladroitement, sans vouloir mal faire, mais reporte sur l’enfant un rôle qui n’est pas le sien. »
Anne : « Avant de devenir parent, il devrait y avoir des formations pour expliquer au futur parent, comment on grandit avec l’enfant, comment lui parler avec bienveillance, gérer les conflits, ne pas utiliser nos propres faiblesses pour les retransmettre à notre enfant : toute la psychologie autour de la relation parent – enfant.
Un peu comme les cours de psychologie lorsque l’on veut devenir éducateur de jeunes enfants.
C’est un travail de toute une vie. On évolue comme parent au fil du temps, seul ou en couple. On devient parent avec son enfant. »
Nos lecteurs lisent aussi : Séparation et conflit, comment s’en sortir
Merci Anne, pour tes explications, ta vision de cette situation.
À très bientôt !
Sophie
À vous la parole !
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12 réponses
Un beau témoignage, à la fois le reflet de la collaboration nécessaire entre éducatrice et parent et de la difficulté pour les familles – parents et enfants – à prendre ce virage de vie.
Merci !
Merci à toi Valérie !
Merci pour cet article. C’est vrai que pour l’enfant c’est un moment très difficile. C’est le devoir des parents de faire le maximum pour l’aider à le passer au mieux et en discuter avec les personnes proches de l’enfant pour que ce qu’il traverse puisse être reconnu et recevoir également de l’aide est, je pense primordial. Tout comme le dialogue entre parents…
Merci Lydie !
Un beau témoignage de cette éducatrice sensible à l’accompagnement de l’enfant. Le manque d informations, de formation évoqué en fin d’article est une réalité qui j’espère sera modifié dans les années à venir pour le bien être des enfants, mais aussi des parents !
Oui ! Merci Bénédicte !
Tellement d’accord avec le fait qu’il faudrait un « cours » pour devenir parents… Certains enfants soufrent toute leur vie d’avoir eu des parents ne sachant pas s’occuper d’eux, c’est tellement triste. Et ce n’est souvent pas la faute des parents non plus, ils font du mieux qu’ils peuvent avec les outils qui sont les leurs mais qui ne sont pas suffisants !
Merci Aline pour ton point de vue 🙂
Bonjour Sophie,
Merci pour cette article, je suis moi même divorcée avec 2 enfants et maintenant parent solo avec 2 garçons à la maison. La séparation s’est bien passée. Mais je suis entièrement d’accord avec Anne, même si nous essayons toujours de faire de notre mieux, une formation ne serait pas inutile pour appréhender les impacts sur notre façon de nous adresser à eux et de nos comportements.
Merci pour ton retour Virginie !
Article très intéressant sur le fait que quelqu’un affirme qu’avant d’être parent, on devrait apprendre à, ……
ici on peut y mettre plein de choses. Alors qu’en règle général, devenir parents, est la suite logique entre 2 personnes qui s’aiment, 1 personne qui a un désir de parentalité, 1 accident (terme que je déteste, oh mince, on a fait l’amour par erreur, …) pour faire comme tout le monde, et le problème c’est que peu importe bonne ou mauvaise raison, il y a au moins toujours 1 des 2 parents qui n’a pas soigné certaines choses de sa propre enfance ou construction, et donc pas mal d’impact sur le futur enfant, et futur vie de parent.
Effectivement, les blessures d’enfance devraient être au moins identifiées sinon soignées le plus rapidement possible pour ne pas que l’enfant subisse les effets indésirables.